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Lycée de Hancock Park
Jeudi, 15 heures
La cloche sonna.
Certains élèves étaient passés maîtres dans l’art de foncer jusqu’au casier et de gagner la sortie en un temps record. Le dernier arrivé était un nul.
Ils furent les premiers à voir les trois garçons – nus, entravés et bâillonnés au bas des marches.
Ils crurent d’abord à une blague. Le truc que font les terminales aux plus jeunes pour leur foutre la honte devant tout le monde.
Mais le temps que les autres élèves arrivent en masse, quelqu’un avait poussé un cri. Du sang. Il y avait une mare de sang autour d’eux et ils se tortillaient, se débattaient et hurlaient en silence, les yeux écarquillés.
Hôpital Socha, Los Angeles
Dans le hall, Riggins attendait que les médecins aient terminé. Les trois ados avaient été amenés ici, car c’était l’hôpital le plus proche.
Il refusait d’imaginer dans quel état devaient être les parents. Les gosses avaient disparu depuis la veille.
La question était maintenant de savoir si Sqweegel était derrière cette affaire. Riggins avait demandé à être prévenu de toute agression ou crime particulièrement atroce dans la région. Et, là, c’était le cas, pas de doute.
Quand il en avait parlé avec Wycoff une heure plus tôt, il s’était entendu répondre : « Rien à foutre de ces mômes ! Ce psychopathe n’enlève pas les gens. Il torture. Il tue. Concentrez-vous sur votre mission. Le reste n’a aucune importance ! »
Mais Riggins n’avait pas voulu céder. L’hôpital Socha devenait une annexe de la DAS, entre Sibby, les prêtres de l’église voisine, et maintenant les ados. Cela le tracassait.
Pourquoi ces gamins, et surtout dans ce quartier précis ? Était-ce la proximité de l’hôpital, à dix minutes de voiture seulement de la West Third ? Était-ce simplement parce qu’ils avaient eu la malchance de tomber sur le tueur de niveau 26 qui rôdait dans les rues de Los Angeles ? Ou bien parce que Dark avait habité avec sa famille adoptive à Hancock Park et fréquenté ce même lycée ?
Riggins espérait que les ados pourraient jeter quelque lumière sur cette affaire. Le moindre détail sur leur bourreau, ou l’endroit où ils avaient été enfermés, pouvait se révéler précieux.
Ils seraient bientôt transportés au poste de police le plus proche. Riggins savait qu’il valait mieux éviter de s’y pointer en agitant son badge. Pas la peine de déclencher un conflit de plus.
Un flic costaud, nommé Jack Mitchell, qui n’y allait pas par quatre chemins, les avaient autorisés à assister aux interrogatoires. Surtout quand il lui avait bien fait comprendre que c’était exactement le genre d’affaire dont la DAS s’occupait au quotidien.
— Alors, c’est quoi, le pitch ? demanda Dark, qui sembla surgir de nulle part.
— Juste une seconde, répondit Riggins. Et Sibby ?
— Rien de nouveau. (Il semblait préférer éviter le sujet.) Et les gamins ? Ils n’ont rien dit encore ?
Dark les avait vus arriver aux urgences sur des civières une heure plus tôt, alors qu’il était sorti prendre l’air. Il avait demandé à l’un des policiers de quoi il s’agissait. Bon sang, ils étaient bons pour une sacrée psychothérapie. Dark fut surpris d’apprendre qu’on les avait découverts, nus et en sang, juste devant le lycée de Hancock Park. Celui où il avait fait ses études.
Coïncidence ? C’était fort possible. Mais il avait demandé à Riggins de se pencher tout de même sur la question. Après l’incendie de son église et les six prêtres morts, Dark commençait à ne plus trop croire aux coïncidences.
— J’ai conclu un marché avec Jack Mitchell, de la police de Los Angeles, dit Riggins. Les parents ont signé une décharge et nous pouvons assister aux interrogatoires. Et, si besoin est, je pense que nous pourrons convaincre les flics de nous laisser poser quelques questions nous-mêmes. Les parents veulent que le violeur de leurs gosses soit capturé – et que ses couilles finissent dans un bocal plein de formol, si possible.
— Je sais ce qu’ils éprouvent, dit Dark.
Pour assister à l’interrogatoire, connectez-vous sur LEVEL26com et tapez le mot de passe : viol.